Historique de la bio accessible

À l’origine, une préoccupation des agriculteurs.

Qui dit développement de l’agriculture biologique – objectif partagé par le GABNOR et la coopérative NORABIO, à l’origine des paniers de produits bio les « biocabas » -, dit développement de débouchés économiques. Et pour rester fidèle aux valeurs de l’agriculture biologique, ce développement ne peut se concevoir qu’en garantissant des prix équitables aux producteurs et au reste des acteurs des filières locales. Pour aller jusqu’au bout de cette éthique, nous devons également l’équité à nos consommateurs, et en priorité aux plus modestes d’entre eux.

Les premiers paniers accessibles… Et les premiers questionnements.

Alors que le GABNOR et NORABIO réfléchissaient à cette question d’accessibilité, le Conseil Général du Nord offrit de subventionner 50% du prix de certains « Biocabas », paniers bio de la coopérative, à destination des allocataires du RMI et des demandeurs d’emploi.

C’est ainsi que les 100 premiers Biocabas accessibles furent distribués entre septembre et décembre 2006, par l’intermédiaire de cinq structures sociales volontaires.

… Or, ces Biocabas accessibles ne suscitèrent pas l’intérêt que l’on attendait au sein du public visé.

Pour les partenaires, il devint clair qu’il ne suffisait pas de lever le frein économique pour faciliter l’introduction de produits biologiques dans le régime alimentaire de ces personnes. D’autres freins étaient à prendre en considération.

Des freins qui dépassent la contrainte économique.

Ainsi, la même année, une étude fut réalisée au GABNOR, avec le concours de l’Université de Wageningen, pour identifier les freins sous-jacents limitant la consommation bio, et formuler des recommandations.

Cette étude confirma en premier lieu un constat sur l’alimentation des foyers à faibles revenus :

  • Une tendance à dépenser moins d’argent pour l’alimentation, cette dernière représentant pourtant une part plus importante du budget des foyers.
  • Un régime alimentaire manquant souvent de fruits et légumes.
  • L’importance des produits préparés ou du fast food, très chers comparés à ce qu’ils apportent en termes de goût et de nutrition.

Ce constat s’explique notamment par un manque de connaissances de la nutrition, de l’alimentation, et de la cuisine, entraînant souvent un certain nombre de préjugés. Ainsi par exemple, les fruits et légumes sont souvent considérés comme peu savoureux et trop chers, et l’alimentation biologique est souvent confondue avec l’alimentation diététique.

Rien d’étonnant à ce que ce type d’idées préconçues conduisent parfois à ce que l’on appelle la néophobie, c’est-à-dire la peur de goûter quelque chose que l’on ne connaît pas. L’enfermement qu’un tel comportement alimentaire peut produire nécessite alors un travail approfondi de sensibilisation pour être rompu.

Les conclusions de cette étude ont donc amené le GABNOR et ses partenaires à envisager un dispositif incluant ce travail de sensibilisation.

Les missions de sensibilisation et l’animation au sein du projet « Bio Accessible »

Fort ce constat, le GABNOR entreprit, dès la seconde année du projet, d’assurer un travail de sensibilisation, en réalisant des animations diverses auprès du public… Ce qui ne manqua pas d’intéresser plus de consommateurs, et plus de structures partenaires. C’est donc naturellement que les critères d’accès au panier à moitié prix furent élargis, en s’ouvrant aux familles nombreuses, étudiants boursiers, adultes handicapés, et retraités touchant le minimum vieillesse.

Rapidement, la demande en animations et actions de sensibilisation dépassa les capacités d’y répondre au sein du GABNOR ; certaines de ses compétences furent donc transférées aux animateurs des structures partenaires, en les formant, dès 2008, sur l’agriculture et l’alimentation biologiques.

Des journées de formation et d’échanges de pratiques sont depuis organisées pour eux chaque année par le GABNOR. Celui-ci reste présent, continuant les animations et actions ponctuelles de sensibilisation, lorsqu’il s’agit d’appuyer le travail pédagogique des animateurs. Mais c’est bien le travail de terrain des structures à vocation sociale qui permet une sensibilisation approfondie et sur le long terme, indispensable à un réel changement de pratiques alimentaires.

De nouvelles opportunités.

En 2011, la Ville de Lille choisit de soutenir elle aussi le projet Bio Accessible.

Au-delà d’un financement supplémentaire, ce nouvel engagement politique a permis la mise en contact avec de nombreuses structures à vocation sociale dans la ville, et a facilité le développement de l’accessibilité des produits aux publics à faibles revenus. La participation du GABNOR au groupe de travail « Santé et Alimentation » de la Ville de Lille a également donné une nouvelle visibilité à l’initiative, l’a ancré dans le réseau et dans le travail des acteurs sociaux pour la promotion de la santé, et a permis de lancer de nouveaux partenariats.

L’essaimage du projet, grâce à de nouveaux acteurs.

En 2013, Bio Accessible s’est lancé en Cambrésis. Et puisque les livraisons de NORABIO ne vont pas jusque là, un partenariat direct a été conclu avec un agriculteur biologique local, le maraîcher Etienne Tavernier. Par l’intermédiaire de son AMAP (Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne), il réserve certains de ses paniers Bio au Centre social du Centre-ville de Cambrai, qui les utilise pour ses ateliers cuisine, et en réserve certains à ses adhérents, grâce au même système de « ticket modérateur » que celui des centres sociaux de la métropole lilloise. Ainsi, l’AMAP « Les Paniers du Cambrésis » s’est agrandie grâce à l’arrivée d »Amapiens du centre social, qui ont un accès facilité au panier par la baisse du prix, et s’investissent au sein de l’AMAP, en créant des liens entre cette association et le centre social.

Un lancement réussi, qui va continuer de faire des émules !